Histoire de la commune

Il semble possible que l’appellation de ce quartier provienne de la déformation du nom d’origine d’une peuplade indienne, « Les Arouas » qui y vivaient alors. Ce sont les Jésuites qui fondèrent Roura en construisant au pied de la Montagne Roura une Chapelle. Roura fut élevé à la dignité de paroisse en 1675. Aidé d’esclaves, les Jésuites cultivaient la canne à sucre, le coton et le manioc.

De retour d’une expédition dans le détroit de Magellan, le sieur de Gennes fut conquis par les terres exploitées par les Jésuites et demanda une concession le long de la rivière Oyack. Cette demande lui fut accordée le 27 août 1698. Devenu, entre temps, Comté de Gennes par décret royal du 12 Juillet 1698, cette concession donna le nom de la Comté à la partie de la rivière Oyack qui la longeait.

Chronologie Rouranaise des origines à l’abolition de 1848 :

• 259-487 : présence avérée amérindienne à la pointe Maripa au bord de la Comté à Roura.

• 1600 1665 : – Les Jésuites reçoivent l’autorisation de s’installer en Guyane. – Sur une carte datée de cette année, le Mahury et ses affluents sont nommés WIA.

• 1668 : Fondation de l’habitation Le Maripa par les jésuites. En rivière d’Wia et d’Ouarapuse.

• 1675 : Le bourg du futur Roura a été « fondé » par des pères Jésuites.

• 1694 : M. de Férolles fait commencer un chemin à travers bois partant des sources de l’Orapu ( à Roura) pour rejoindre les bords de l’Amazone (sic !). cela étonne d’autant plus que la colonie ne compte pas assez de bras ( surtout de nègres). Le but est de renforcer la présence française dans la région tout autant que de favoriser la découverte de mines et le commerce avec le nombre infini de nations indiennes…

• 1696 : -Arrivée à Cayenne d’une escadre, commandée par M. de Gennes, de retour du détroit de Magellan où l’on avait tenté un établissement qui n’avait pas réussi. 1697 : Le 19 juin, le roi par lettres-patentes accorde à M. de Gennes cent pas de terrain tout le long de la rivière Oyack, du côté des Amazones et jusqu’à sa source pour en jouir à perpétuité lui et ses descendants comme il en a fait la demande.

• 1698 : Au mois de juillet ; par lettres-patentes, le roi accorde d’ériger la concession de M. de Gennes en Comté. Cela lui permet d’établir un juge pour rendre justice, avec appel au conseil supérieur de la Martinique.

• 1700 – 1712 : Marronnage d’esclave conduit par Gabriel sur les habitations de la crique de Racamont (Roura).

• 1721 : -Le café est cultivé sur les pentes de la montagne Anglaise à Roura.

• 1725 : La paroisse de Roura est créée.

• 1729 : Le futur bourg de Roura est nommé Arouas avec mention d’une paroisse sur une carte datée de cette année. La future crique Gabriel est encore appelée Tourémé. 1736 : Existence de la sucrerie dite de Touréné à Roura (berge de l’actuelle crique Gabriel).

• 1737 : Ouverture du canal de la Crique Fouillée reliant la rivière de Cayenne au Mahury. Les travaux sont réalisés par les esclaves de corvées fournis par les habitants, ce qui permet à ces derniers un gain considérable de temps pour se rendre de Cayenne à leurs habitations situées sur le Mahury, l’Oyack et la Comté.

• 1740 : Une indigoterie est implantée à l’embouchure de la crique Gabriel.

• 1743 : L’arpenteur royal Molinié décrit des gravures amérindiennes sur la montagne Anglaise au bord du Mahury en délimitant la parcelle du sieur Jean Tisseau.

• 1763 : Confiscation de l’habitation des Jésuites de Loyola. 400 esclaves y sont dénombrés. Les habitations du Maripa et St-Régis à Roura connaissent le même destin…

• 1765 : Expulsion des Jésuites de la colonie.

• 1779 : Début de « La Gabrielle », l’ingénieur agraire Guisan débauché du Surinam en 1777 va en être chargé.

• 1785 : Le Toca ou Châtaigner du Para est mentionné comme plante à se procurer auprès des Portugais dans une lettre de M. le Baron de Bessner. Une belle plantation est toujours visible sur l’habitation de Grand Maré à Roura.

• 1786 : Début de l’expérience par le marquis de Lafayette de la théorie de l’émancipation des esclaves par le salariat sur des habitations situées autour de la savane Gabriel à Roura.

• 1791 : Martin est chargé de la Gabrielle.

• 1792 : Acquisition de l’habitation la Caroline à Roura par Thomas Favard et sa femme Caroline Rouxel.

• 1794 : 1er abolition de l’esclavage. Le 13 juin la corvette « L’Oiseau » commandé par le citoyen Polony, dit « la liberté » apporte le décret de la Convention du 16 pluviôse an II (4 février 1794) qui ordonne la libération immédiate des esclaves. Le 14 juin, l’abolition est effective dans la colonie.

• 1796 : Expulsion de Martin par un mouvement réactionnaire. Il est déporté par le Gouverneur Cointet pour le soustraire à une mort à laquelle il allait être condamné pour s’être porté à la tête d’une révolte des noirs… Intérim de Leblond. 1797 : Le 22 mai (13 Floreal an V) ; naissance de Michel Favard. Futur propriétaire de la Caroline.

• 1800-1802 : Rétablissement de l’esclavage

• 1806 : En septembre, sur la Comté ; un détachement de quatre-vingts hommes armés venait de procéder à une opération dans la forêt profonde dite de « Grands Bois » à une soixantaine de lieues de Cayenne. « Nous cherchions au milieu d’immenses forêts une centaine de Nègres marrons qui désolaient certaines parties de la colonie. Ils venaient la nuit en nombreuses bandes, et armés de fusils et de sabres, piller les habitations éloignées, les brûler quelquefois après avoir assassiné et très mal traité les propriétaires dont ils enlevaient encore autant de Nègres qu’il leur était possible… ».

• 1809 : Début de l’administration portugaise. Prise officielle de la colonie le 12 janvier, Victor Hugues ; Gouverneur français signe l’acte de capitulation pour Manuel Marquès, brigadier des armées qui en devient le commandant en chef pour le Prince du Brésil.

• 1816 : Mort de Thomas Blaise Favard, père de Michel Favard.

• 1817 : Le 8 novembre ; rétrocession de la Guyane à la France par les Portugais.

• 1818 : le 2 février ; Boisson, de la commission qui reprend la colonie (aux portugais), demande à Maciel da Costa ; Desembargador Intendant Général, « les papiers, livres, journaux qui ont dû être tenus par les régisseurs des habitations royales et notamment ceux de la Gabrielle ».

• 1819 : Le capitaine Philibert prélève 1000 plants de vanille ( Vanilla pampona) sur l’habitation la Gabrielle à Roura. Il les emmène à la Réunion… Arrivée de Poiteau, botaniste et directeur des cultures à la Gabrielle. 2e jardin en ville crée par le gouverneur Laussat.

• 1821 : Le 5 juin, à la Gabrielle à Roura ; un esclave reçoit 50 coups de fouet « pour avoir manqué à son travail » tandis que 2 reçoivent du tafia, l’alcool étant un bon moyen d’oublier sa situation. le 6 juin, 50 coups de fouets sont donnés à des esclaves de l’habitation la Gabrielle à Roura pour avoir volé du manioc. Le lendemain même « 2 négrillons ont reçu le fouet pour avoir volé du couac ». Est-ce le signe d’une alimentation mal assurée ? IN BOTANIQUE ET COLONISATION DE J.Touchet, pages 267 & 269.

• 1824 : Plus de 40 tonnes de giroflier noir sont récoltées sur l’habitation de Lafayette à Roura.

• 1825 : mort de Caroline Adélaïde Rouxel (mère de Michel Favard)

• 1826 : Dans la nuit du 20 au 21 juin, ce ne sont pas moins de 25 esclaves constituant l’élite de l’atelier de l’habitation Joséphine qui s’évadent sur un grand canot dérobé à leur maîtresse, veuve Malvin. Le capitaine Braché sillonne l’Orapu, la Comté, la Tonnégrande et la rivière des Cascades à leur poursuite. En vain. Finalement la fuite tourna court car un détachement de chasseurs de Guyane sur « la base de renseignement qui existait entre le réseau des ateliers et des marrons… » . Ces esclaves refusèrent de se rendre à leur maître.

• 1831 : Procès de Magdeleine, esclave d’environs 55 ans, ménagère en chef et chirurgienne de l’habitation « La Caroline » à Roura appartenant aux sieurs Favard & Brémont pour empoissonnement de deux commandeurs blancs au profit de son gendre Mirtil.

• 1839 : Le 9 février (un samedi) parution dans la feuille de la Guyane Française de la vente de Girofle ( 4 tonnes), Roucou (552 kilos), Cannelle, etc, de l’habitation domaniale la Gabrielle.

• 1842 : En janvier, sur proposition de Favard une commission est nommée pour examiner le premier projet agricole de Lechevalier (sur Kaw & l’Oyapock).

• 1848 : Seconde & définitive abolition de l’esclavage dans les colonies. Le 10 juin.

Source : Le Guide Animateur Prévoteau Jean-Marie